RUBRIQUES ACADIENNES No.4   : Les Bastarache    

Connaître mieux Anselme Bastarache

 

On sait qu’Anselme est né sur le bord de la rivière Annapolis ou rivière Dauphin, à vingt kilomètres de Port-Royal : le lieu s’appelle encore Paradise (autrefois Paradis terrestre) !!! Son père s’appelait Jean et son grand-père aussi Jean Bastarache dit Joannis le Basque, lui c’est le premier Bastarache arrivé en Acadie en provenance de Bayonne, de la région française du pays Basque, au sud-ouest de la France. Ce Joannis s’est marié à Port-Royal en 1684, il est véritablement un des pionniers de l’Acadie.

Quelle était la fratrie d’Anselme ? Il est le quatrième enfant. Trois filles avant lui dont Marie La Grande de mon roman. Après, les trois autres filles qui suivent ont eu un destin très spécial : elles se sont mariées à trois frères au nom de Mouton. Déportées avec leurs maris, on les retrouve en Louisiane dès 1765 et ils y restent, car leurs descendants y font fortune. Pour terminer la famille : deux autres sœurs dont Marie La Jeune. Le petit dernier est Joseph-Amable qui avait 13 ans lors des événements de 1755. En résumé : pour cette famille en Acadie, seulement deux fils ( Anselme et Joseph-Amable ) et 8 sœurs.

Où est situé Paradise, en Nouvelle-Écosse ? Si vous cherchez sur Google maps, c’est tout proche de Bridgetown :

Si vous êtes curieux « comme une belette », faites CTRL + Clic sur le lien ci-dessous pour regarder de plus près l’emplacement exact du lot des Bastarache à Paradise et même aller sur Google Earth.

https://www.google.ca/maps/place/Paradise,+NS+B0S+1R0/@44.8670691,-65.2331178,15z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x4b581a5f31c76237:0xfe62b1dcf1cf733f!8m2!3d44.86707!4d-65.224363?hl=fr

 

Comment Anselme a-t-il vécu les événements de la déportation de 1755 ? Sur le site de l’Association des Bastarache, il y a échappé, on le nomme comme réfugié. Il est dit qu’Anselme et sa femme Marguerite Melançon sont d’abord arrivés à Québec vers l’automne 1757 avec leurs deux parents respectifs qui eux, malheureusement sont décédés dans les mois suivants de la petite vérole, la picotte. Félicité Melanson, la sœur de Marguerite les accompagnait; le frère d’Anselme prénommé Joseph-Amable; ses deux sœurs Maire La Grande et Marie La Jeune. Une première enfant pour Anselme et Marguerite qui s’appellera Marguerite que j’ai surnommée Margot : elle est décédée en bas âge, après que la famille se soit installée à Yamachiche. D’où je tiens les renseignements sur la généalogie de la famille Bastarache ? Mon amie Danny Bastrash et sa mère Madeleine Bellemare m’ont remis un document très étoffé sur le parcours d’Anselme : les baptêmes de ses enfants, les mariages de ses sœurs, le décès de son frère, ses contrats d’achat ou d’échange de terre. Je les ai par ailleurs remerciées à la fin de mon roman.

Comment la romancière a su qu’Anselme était maître de poste de relais ? Sur le site de l’Association des Bastarache, M. Guy Basque a effectué des recherches dans les banques de données à l’Université de Montréal, qu’il a reproduit dans le site. Voici un extrait d’un acte notarié :

Le 5 décembre 1769, notaire Leroy à Trois-Rivières :

« Vente d’un campeau de terre (…) par Anselme Bastarache, maître de poste, de Yamachiche, à Pierre Dupaul de Yamachiche ».

Travaillait-il pour la Poste ? Pas du tout, car il n’y avait que 4 bureaux de poste sur le territoire, en ce temps-là : Québec, Trois-Rivières, Berthier et Montréal, après consultation de « La première route postale au Canada » écrit par Guy Des Rivières, frpsc. Le premier bureau de poste, à Yamachiche, fut ouvert en 1831. Ce livre explique qu’une fois le chemin du roy devenu praticable, il y avait, comme en France, des postes de relais pour les voyageurs qui avaient besoin de manger, dormir, soigner leurs chevaux. Il était aussi possible de profiter d’un transport entre deux relais, ce qui était le boulot d’Anselme. Dans « Yamachiche et son histoire », page 696, on apprend que le premier « maître de poste « ( de relais, n’oublions pas ) était Jean-Baptiste Rivard de 1763 à 1784, l’année de son décès. Il devient, dans le roman, le patron d’Anselme qui a osé se dire « maître de poste » lorsqu’il faisait des affaires chez le notaire Leroy.

La descendance d’Anselme et Marguerite ? Deux fils Bastarache uniquement : Joseph Firmin et Joseph le cadet, dit Sam.  Où se trouve la lignée qui me relie à Anselme ? Ma grand-mère maternelle Bastrash descend de Joseph le cadet qui a eu un fils, Charles Samuel, etc. Entre ma grand-mère maternelle et Anselme, il y a seulement 6 générations.

--------------------------------------

 NOTE : Dans une autre rubrique, mais pas la prochaine, je vais vous parler du bateau Pembrooke qui aurait embarqué des familles acadiennes pour déportation. Les embarquements se sont fait au début décembre 1755, dans le secteur d’Annapolis Royal (anciennement Port-Royal). Anselme et Marguerite pourraient y être concernés, mais puisqu’ils n’ont pas été déportés… Mystère.

À la page 3 : si vous passez par la route 138 en direction de Pointe-du-lac, vous pouvez repérer l’emplacement du premier lot d’Anselme, ce seraient les numéros 33, 38 et 39. La maison sur la photo est « en haut » du lot, car on évite de construire les maisons proches du rivage en raison des inondations (débordement printanier du grand lac Saint-Pierre qui est, je le rappelle, un élargissement du fleuve Saint-Laurent). Ceux qui sont plus visuels pourront remarquer le grand arbre qui se trouve devant la maison. J’ignore à qui elle appartient pour le moment. Évidemment, ce n’est pas la première maison d’Anselme, vous le devinez.

Maintenant, les documents publiés, par le généalogiste Guy Basque, sur le site de l’association des Bastarache/Basque/Bastrash : ( Je m'excuse, je n'arrive pas à bouger le texte vers la gauche ).

RUBRIQUE no.5 : PIERRE DUPAUL, le cabaretier pro-rebelle

 

Pierre Dupaul

  • Cabaretier à Yamachiche,
  •  Époux de Marie-Madeleine Comeau, acadienne
  • Connu pour avoir été un pro-rebelle, un ami des troupes américaines envahisseuses qui sont venus combattre NOS Anglais----------» pour nous conquérir et forcer ainsi notre province à devenir la 14ième colonie américaine. (Ouf ! cela n’a pas marché !)

Comment j’ai été amené à découvrir ce Pierre Dupaul ? Il est apparu rapidement dans mes recherches sur la première partie de mon roman qui raconte la famille d’Anselme Bastarache. En consultant les écrits de M. Guy Basque, généalogiste de l’Association des Bastarache/Basque/Bastrash j’ai lu ceci : ( le document entier peut être consulté dans la rubrique no.4 sur « Anselme Bastarache » )

 

Le 5 décembre 1769, notaire Leroy à Trois-Rivières :

« Vente d’un campeau de terre (…) par Anselme Bastarache, maître de poste, de Yamachiche, à Pierre Dupaul de Yamachiche ».

 

Je me suis donc empressée de trouver la généalogie de ce Yamachichois. Ah Ah je suis totalement étonnée, ravie, enthousiasmée quand je découvre qu’il s’est marié à une Acadienne, originaire de Port-Royal, du nom de Marie-Madeleine. En quelle année ce mariage ? 1763 !! Alors, j’en déduis qu’il s’agit d’une Acadienne venue s’implanter au Québec et qu’un Yamachichois est tombé en amour avec cettecréature « hors norme ». Je suis certaine que Marie-Madeleine était tout un numéro ! Selon le site « Généalogie du Québec et d’Amérique française », je lis que lors de leur mariage, Pierre avait et Marie-Madeleine, ! Il est bien évident que le couple n’aura pas d’enfant. J’apprends aussi que Marie-Madeleine est veuve de Jean Lord, mort en 1758, à Portsmouth en Angleterre et j’en conclue que c’est lors des déportations qui eurent lieu entre 1755 jusqu’en 1958 au moins ! C’est pourquoi, j’ai décidé que le personnage de Marie-Madeleine serait plein de jarnigouène et qu’elle détesterait beaucoup les Anglais, les Habits Rouges, qui auraient fait périr son premier époux avec qui, je lis qu’elle a eu 6 filles et un seul garçon entre 1737 et 1756 selon le PRDH.

Poursuivant mes recherches, je lis sur les familles Comeau ayant vécu à Yamachiche. J’apprends que la fille de Marie-Madeleine, Marie-Josephte surnommée Josette, a épousé un gars de Yamachiche, Étienne Héroux, une des familles pionnières depuis 1700. À quelle date se sont-ils mariés ? . Oui, en 1760 !! Donc, notre Marie-Madeleine et ses enfants étaient déjà arrivés dans le secteur. Il est dit que la Josette a été la première Acadienne à se marier, tel que vu dans les registres du curé Chefdeville.

 

Après, c’est en lisant sur l’histoire de Yamachiche que j’ai appris que les Yamachichois avaient été impliqués, par leur proximité avec cette grande ville administrative, à la Bataille de Trois-Rivières, en 1776. Notre Dupaul est un « mauvais sujet » comme on appelait ceux qui ne se rangeaient pas du côté des Anglais nous ayant conquis en septembre 1759. C’est dans le site du gouvernement, « Biographie du Canada » que je retrouve Dupaul et Pierre Larose de Louiseville : https://biographi.ca/fr/resultats.php/?ft=pierre%20dupaul

 

Tout cela pique la curiosité. Pourquoi Dupaul a-t-il « virer son cul de bord » en s’acoquinant avec les Anglais de Nouvelle-Angleterre, les Bostonnais ? Eux qui voulaient se défaire du royaume d’Angleterre et devenir un pays indépendant. J’en déduis qu’étant donné qu’il est marié à cette Acadienne, ils ont engraissé, ensemble, cette détestation des Anglais conquérants, les mêmes qui ont organisé la Déportation en 1755 et qui, par après, dans leur grand appétit d’agrandir leur Empire, ont réalisé la conquête réussie de la Nouvelle-France durant la fameuse bataille des Plaines d’Abraham à Québec en 1759, 4 ans après leurs méfaits dans l’Acadie.

 

Le plus intéressant dans le destin de ce couple, c’est le fait que Dupaul soit cabaretier. Cabaretier ? Dans ce temps-là, un cabaretier c’est quelqu’un qui a un établissement où il accueille la clientèle pour boire et manger mais sans qu’ils ne puissent y loger. Ce sont les aubergistes qui le font. Comme cela allume la romancière ! Eh oui, dans mon imaginaire qui rejoint les vrais faits vécus, Marie-Madeleine a certainement le potentiel de gérer ce genre de commerce.

 

C’est dans la revue « Patrimoine trifluvien » de la SCAP, la Société de conservation et d’animation du patrimoine de Trois-Rivières que j’ai appris que Dupaul était cabaretier. Il s’agit du Bulletin annuel d’histoire de juin 2008, Numéro 18. La revue m’offrait 31 pages sur l’unique sujet de la bataille de Trois-Rivières, en début juin 1776. Le document, un véritable travail de titan, a été rédigé par l’historien Daniel Robert qu’il me ferait plaisir de rencontrer. Grâce à ses recherches, j’ai pu comprendre tous les détails sur cette bataille importante qui a stoppé les envies des rebelles américains de nous assimiler. 

Pour lire un excellent résumé, voyez l’article de Jean-Marc Beaudoin, parue le 9 juin 2018. Rendez-vous au paragraphe intitulé « L’autre raison historique ». Voici le lien :

 

  https://www.lenouvelliste.ca/chroniques/la-griffe-a-beaudoin/trump-autant-en-rire-73e6c5f440fc5e873fa198c89c3c781b  

 

En terminant, vous aimeriez situer le cabaret de Dupaul et de la Marie-Madeleine ? Consultez la carte ci-dessous. Vous repérez le lac Saint-Pierre ( fleuve Saint-Laurent), puis imagninez l'autoroute 40 actuelle qui passe tout près du rivage. Voyez le gros point rouge, c'était une indication de M.Desaulniers pour placer le noyau-centre du premier village qui se trouvait  au bord de l'eau tel que je l'ai écrit dans mon roman. De nos jours, c'est l'exacte emplacement d'une sortie/bretelle (numéro 180) de l'autoroute 40. Selon les historiens yamachichois, c'est tout près du cours d'eau appelé Grande rivière Yamachiche que se situait la première église et, j'en suis persuadée, le cabaret » Le fricot » était à proximité. 

 RUBRIQUE NO.6 : LE PUITS DES CAYENS

Le puits des Cayens

Je rappelle que Cayens étaient le nom en abrégé donné aux Acadiens par les gens d’ici.

Comment j’ai été amené à ce puits ? C’est en relisant « Yamachiche et son histoire » de J.-Alide Pellerin. À la page 332, il est question d’un arpentage des lots. Voyez ce qui suit :

 

Localisation des « petites Cadies », selon un arpentage de Pierre Marcouiller, en 1788.

Pour chaque numéro de lot, on identifie le propriétaire. J’ai donc repéré MES Acadiens, ceux de mon roman. Par exemple, le no.1078 appartient à Pierre Pellerin, il faut regarder dans Petite-Cadie (1). Dans Grande-cadie (3), le no.1111 est à Charles Trahan. Le 1116, qui est entouré d’un cercle, appartient à Jacques Raymond où se trouvait le puits communautaire des Acadiens.

On dit que ce puits a été enterré durant la réfection et redressement de la route dans le courant des années 1970. Moi, je prétends que ce puits serait facilement repérable et que seule sa margelle extérieure a été supprimée. En mon imagination fertile, si je prends une pelle et que je creuse, je retrouve le reste du puits qui est tout simplement rempli de terre et je retrouve toutes les pierres qui l'encerclent. Alors, on cherche ?


L’auteur J.-Alide Pellerin relate que les colonisateurs acadiens se sont creusé un puits selon leur tradition : c’est-à-dire qu’il était « empierré » de sa base à sa margelle (qui est la partie visible d’un puits). C’était un puits avec une longue brimbale basculante. Selon cet auteur, la légende dit que ce puits, un profond réservoir, ne fut jamais à sec.

Immédiatement, j’ai voulu retracer la généalogie de Jacques Raymond : j’ai retrouvé sa femme Marie Pellerin, la soeur de Pierre Pellerin, sa fille adolescente Victoire qui vient parler au début de la deuxième partie du roman. Ainsi que deux autres jeunes enfants. Quelle immense joie lorsque j’ai découvert que Jacques était le beau-frère de Pierre Pellerin  !!  Pour la romancière, il fallait rapprocher leur destin, je les voyais illico comme deux amis inséparables, forts, unis dans les efforts du quotidien, très aidants envers leurs compatriotes.

Lorsque je me suis rendue en vacances à Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse, j’ai pu voir une reproduction d’un vrai puits acadien que se trouvait sur le site. Voici la photo :

 

En terminant, admettons que vous êtes curieux incroyablement et que vous aimeriez, comme moi lors de ma rédaction, savoir comment construire un puits tout en pierre sèche, je vous place un lien qui vous dirige vers un site qui vient de France. Un pays qui aime bien conserver son savoir patrimonial.

Le lien : https://www.puisatier.fr/construction-murs.php